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DIEU, RELIGIONS« Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse » aurait répondu Laplace à Napoléon qui lui reprochait l’absence de Dieu dans son livre sur le Système du Monde. Se voyant opposer que cette hypothèse était pourtant bien commode, Laplace aurait en outre ajouté que si elle expliquait beaucoup de choses, elle ne permettait pas de prédire quoi que ce soit. Pour le physicien et astronome Laplace, déterministe convaincu, Dieu est donc une hypothèse, autant dire une sorte de bouche-trou logique dans la compréhension du monde. Sans être aussi déterministe que Laplace, je partage assez ce point de vue : même si ses desseins sont impénétrables, il est rassurant pour les hommes de postuler un créateur bienveillant à l’origine de toutes choses. La quête des causes premières n’a plus à se perdre dans un questionnement infini, et on peut garder une certaine confiance face aux incertitudes du monde. Le hasard aveugle n’est plus aux commandes et la vie a un sens. Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, on peut penser avec Feuerbach que Dieu est une création des hommes. Du reste la théologie décrit Dieu comme un "esprit", c'est à dire une intelligence créatrice, chose assez spécifiquement humaine. Replacée dans une perspective évolutionniste, une telle définition mène à une absurdité que souligne le biologiste Richard Dawkins: Etant produites par l'évolution, les intelligences créatrices apparaissent nécessairement tard dans l'Univers, on ne peut donc leur imputer sa création. Dans ce sens, Dieu est une illusion. Dieu remplit donc en principe une fonction cosmogonique et métaphysique. Mais comme l’a bien expliqué Kant, l’idée d’un être suprême va de pair avec l’idée de sa perfection et de sa toute puissance. Ce qui fait de Dieu, quel que soit le visage qu’on lui donne, un allié décisif. Dieu est donc aussi une source de pouvoir. Il permet de fonder l’obéissance aux règles, qu’elles relèvent de la morale ou qu’elles confortent le pouvoir politique. Les systèmes religieux on joué et jouent encore un rôle très important dans la structuration des sociétés. C’est en réalité à cause de ce rôle politique de Dieu que les conflits religieux ont tant occupé les hommes, et continuent encore de le faire. Cependant, peu à peu, et particulièrement dans le cours du XIXe siècle, on assiste aux progrès de la connaissance scientifique, à l’extension d’une pensée politique démocratique et aux développements de philosophies individualistes. L’hypothèse de Dieu devient de plus en plus fragile, voire discréditée, ou en tous cas, de moins en moins réelle et de plus en plus symbolique et culturelle. Les débats suscités par le Darwinisme ou les querelles sur la laïcité sont révélateurs de cette opposition. Avec le désenchantement du monde, deux problèmes apparaissent : d’une part la morale perd ses fondements traditionnels, et il devient nécessaire, pour assurer un minimum d’harmonie sociale, non seulement de réaffirmer la nécessité de la morale, mais aussi de la fonder sur une nouvelle universalité ; d’autre part, la place laissée vacante est peu à peu occupée par d’autres dogmes, d’autres credos, de façon moins explicite mais tout aussi réelle. L’époque actuelle ne manque pas de religions inavouées :
Si on met en question les religions, c'est en partie pour la pertinence (éventuellement discutable) des croyances qu'elles entretiennent dans le cadre privé, mais c'est surtout pour l'influence favorable ou néfaste qu'elles exercent sur les sociétés, en propageant des morales collectives, en s'immiscant dans l'organisation politique. À ce titre, on peut dire aujourd'hui que la religion de l'argent, (et secondairement celles de la compétition ou du Progrès technicien) ont pris le pouvoir qu'ont perdu les religions "traditionnelles", et qu'elles aveuglent les humains face à la crise écologique. Car c’est bien d’une véritable reconversion dont l’humanité mondialisée a besoin. Encore secouée par les spasmes des religions anciennes en perte d’influence, prosternée devant le veau d’or, il lui faudrait une universalité fondatrice pour reprendre une marche responsable. Edgar Morin parle ainsi d’un « évangile de la perdition », prenant acte de notre communauté de destin et de la nécessité où nous sommes de sauver et de rendre durablement vivable notre Terre Patrie. Cette religion, sans promesse mais avec des racines fructifierait sur ce que les civilisations du passé ont apporté de meilleur, et serait avant tout une religion terrienne de fraternisation. Avec des préoccupations voisines, Catherine Larrère (commentant le livre Genèse de John Baird Callicott), estime que l'Éthique de la Terre, (une éthique holiste écocentrée) recèle une dimension religieuse, et qu'en cela elle est comme d'autres philosophies (par exemple l'anthropocentrisme des philosophies « humanistes classiques ») une forme de religion de l'homme. Il manque cependant à de telles doctrines d'être propagées et entretenues dans la société par des pratiques rituelles, des personnages emblématiques et des institutions puissantes qui permettent de mobiliser la collectivité. Ces rites, ces prophètes seraient-ils une bonne voie pour convertir les humains à une éthique de la terre propageant le respect des richesses naturelles en danger ? ![]() Antoine Li http://www.think-thimble.fr |
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