le contact avec Des extraterrestres
Avec toutes ces exoplanètes, est-ce pour bientôt ?
Tentative documentée de chiffrage
Depuis 1989, date de la première "vraie" découverte d'exoplanète,
une partie importante de la communauté astronomique s'intéresse à cette question
et les découvertes sont relayées par les médias dont les titres sensationalistes finissent à mon sens par induire en
erreur l'opinion publique. Beaucoup de ces articles agitent la
perspective des vies extraterrestres et l'éventualité d'entrer en
contact, sinon en conversation ou en échanges avec elles.
Je tente ici un raisonnement chiffré sur cette perspective
hypothétique, à partir de données extraites de sites de vulgarisation
(
wikipédia, et
atunivers.free.fr)
Aujourd'hui, avec ce que nous connaissons des exoplanètes effectivement
observées, on peut dire que les exoplanètes sont des objets assez
ordinaires. Certaines estimations (optimistes) considèrent que dans notre
galaxie de 200 à 400 milliards d'étoiles, il y aurait 100 à 200
milliards d'exoplanètes.
Mais
les connaissances très parcellaires et pour certaines assez
spéculatives (
*) que nous avons des exoplanètes observées montrent (en
l'état actuel de l'inventaire) que la majorité d'entre elles ne
pourraient pas abriter cette chimie complexe et improbable qui fait la
vie, car les conditions
physiques y sont bien trop hostiles. Les exoplanètes suffisamment
ressemblantes à
la Terre en terme de présence de liquides et de gaz, comme de
température
(sans parler même de la composition chimique de ces liquides et de ces
gaz) ne représenteraient (
**) qu'un cas sur 200 à peu près (une petite
vingtaine de cas pour près de 3 800 exoplanètes confirmées).
Malgré cette restriction un peu drastique, on aurait encore un demi
milliard à un milliard de foyers de vie "potentiels" dans la Galaxie ce
qui laisse penser à l'existence ailleurs dans cette Galaxie d'autres
formes de vie.
Toutefois, ce nombre appremment élevé est à mettre en rapport avec la
taille immense de la Galaxie (200 000 années-lumière de diamètre). Les
régions de la Galaxie avec qui nous
pourrions avoir des échanges (de signaux plutôt que des visites) ne
peuvent se situer que dans une certaine proximité:
En effet les temps de communications augmentent en fonction de la
distance, les signaux ne pouvant aller plus vite que les 300 000
km/seconde de la vitesse de la lumière. Pour l'étoile la plus proche de nous, éloignée de 4,5 années-lumière (4,5 AL),
c'est 9 ans pour un aller-retour (
***). Pour un système stellaire qui serait éloigné de 50 AL, 500
AL ou 5 000 AL, le ping-pong de la "conversation" se ferait à un rythme
d'un aller-retour par siècle, par millénaire ou par centaine de siècles !
De plus, l'intensité des signaux diminue en fonction inverse du carré
de la distance: si cette distance est multipliée par 10, par 100 ou par
1000, le signal est affaibli respectivement d'un facteur 100, 10 000 ou
1 000 000. Ce qui veut dire qu'un signal capable tout juste d'être
détecté à une distance de l'ordre de 5 Années-lumière (étoile la plus
proche du Soleil) doit voir sa puissance multipliée par 100, 10 000 ou
1 000 000 pour passer au dessus du brouillage cosmique à des distances de 50 AL, de 500 AL ou de
5000 AL.
Si donc pour ces raisons on limite nos espoirs de contacts extra-terrestres à
un rayon d'au
maximum 5000 années lumières, cela correspond au "bras d'Orion", soit
environ 600 millions d'étoiles, 300 millions d'exoplanètes, mais
seulement 1 500 000 foyers de vie "potentiels".
En admettant qu'une fois remplies les conditions physiques, le
développement de la vie soit raisonnablement probable, mettons une
chance sur 10, il y aurait 150 000 biosphères dans le bras d'Orion.
Combien seraient parvenues à faire émerger une civilisation
technicienne élaborée ?
Il
me semble que là, la probabilité soit vraiment très faible, si on voit à quel
point les moeurs des hommes semblent malgré tout une exception
étonnante dans la totalité de notre biosphère (nous en sommes du reste
assez fiers). L'arbre de l'évolution biologique comporte des millions
de rameaux, une bonne part éteints, quelques millions encore actifs,
mais un seul de ces rameaux en plus de 3 milliards d'années d'evolution a fait émerger une culture technologique
avancée. Nous sommes la seule espèce sur 60 000 espèces de
vertébrés encore existantes (sans même parler des espèces éteintes) ou
sur le million d'espèces animales "un peu complexes" (dont par exemple
les insectes) à avoir produit de la technique puissante et complexe et
à tenter de comprendre le cosmos et y envoyer des signaux et même des
objets (
****).
Cela
semble réduire les chances d'avoir une civilisation technique dans les partie proches de la Galaxie (le déjà très vaste
bras
d'Orion) au mieux à deux ou trois
unités, mais bien plus probablement à
une chance sur 5, une chance sur 10 ou même encore moins. Si on
privilégie un espace moins vaste, mais plus "accessible", par exemple
500 AL ou 50 AL de rayon, cette probabilité déjà réduite est encore
divisée par 1000 ou 1 000 000.
Est-il bien raisonnable, face à des probablitités si faibles de se dire que quelque part bien loin, une
hypothétique civilisation à la technologie assez en avance sur la nôtre et bien plus puissante nous a envoyé des signaux très
puissants il y a assez longtemps (mais pas trop) pour que ceux-ci
soient détectés par l'appareillage que des chercheurs ont mis à
l'écoute de l'univers ? Pour l'instant, il semble que ce soit le silence
radio.
Nous, de notre côté, nous émettons des signaux "civilisés" en direction de
l'espace depuis l'usage des télécommunication hertziennes, (soit Tesla,
Branly puis Marconi il y a 120 ans)
Dans
le rayon de 120 années-lumière que nos émissions hertziennes ont pu
atteindre, on peut estimer qu'il y aurait selon les sources et les
manières d'extrapoler entre 18 400 et 28 000 étoiles, soit de 9200 à 14
000 exoplanètes. Dans ce rayon on aurait 46 à 70 pseudo-terres, et peut
être pas plus de 5 à 7 biosphères, en gros 20 000 à 30 000 fois moins
que dans le "bras d'Orion". Espérer que parmi ces foyers de vie qui se
comptent sur les doigts d'une main, l'un d'eux ait pu déboucher sur une
civilisation à haute technologie me paraît pour le moins chimérique.
Mais si par miracle en ce moment même il arrive que "quelqu'un" détecte nos premiers
signaux hertziens, malgré leur faiblesse et leur contenu assez
primaire, qu'il en déduise notre existence et qu'il se soucie de nous
répondre, nous aurons une réponse (sans même savoir à quoi elle
pourrait ressembler) en 2140, disons vers le milieu du XXIIème siècle.
La vraie question pour cette époque, c'est de savoir où en seront alors
nos arrière-arrière petits enfants dans la gestion de l'héritage
écologique que nous leur laissons ?
(*) On notera que les exoplanètes ne sont en général connues que par
des effets indirects sur leur étoile et notamment la perturbation
périodique de leur intensité lumineuse ou de leur mouvement. On peut y ajouter des
connaissances relatives à leur composition chimique grâce à l'analyse
des spectres.
(retour)
(**) Voir
cette page wikipédia (retour)
(***) On peut aussi se rappeler les temps de communications avec les
sondes envoyées dans le système solaire et notamment le cas récent des
Rosetta et de Philae
(retour)(****)
On peut aussi remarquer que l'aventure des hommes ne représente
en temps qu'une très faible fraction de la durée de la vie sur la
Terre: 1/2000 si on prend l'apparition des hominines, 1/400 000 si on
s'intéresse aux civilisations "aménageuses" 1/20 000 000 si on prend la
civilisation industrielle.
(retour)